TRACT LANNION DE NOVEMBRE, Spécial Projet Immobilier


Un net mieux, mais on part de tellement loin…

Aujourd’hui, un nouveau seuil est franchi, et même plusieurs, avec le début du chantier sur le parking du LB et les ateliers de micro-zonage. Il est donc temps pour Sud de revenir donner son avis sur ce qui se passe.

On ne le répètera jamais assez, ce projet pâtit d’un double péché originel :

  • Il a été décidé en catimini (les syndicats ont appris l’existence d’un appel d’offre, dont ils n’ont jamais pu avoir connaissance, qu’une semaine avant sa conclusion !).
  • Le budget qui lui a été attribué (en application des règles immobilières en vigueur à Orange) est insuffisant, sans commune mesure avec celui des projets précédents.

A cela s’ajoute bien entendu l’application du catéchisme immobilier d’Orange et de ses saints apôtres Flexdesk et Taux à 0,65. De ces tares initiales découle le choix funeste de l’abandon des bâtiments LD et LB et de l’amphithéâtre, qui entérine le passage de Lannion dans les campus Orange de seconde catégorie et concrétise la menace de sa fermeture à moyen terme.

L’équipe du projet immobilier est condamnée à gérer l’ingérable et à arbitrer entre des demandes toutes légitimes mais pour bonne partie incompatibles entre elles, faute de place. Un comble quand on sait la taille de notre campus actuel ! Les premiers plans de microzonage montrent bien l’entassement des bureaux en mode boîtes à sardines. De plus, une direction de site en sous-effectif se retrouve obligée à courir pour assurer, en plus de ses tâches habituelles, les aspects logistiques d’un projet qui concerne pas loin d’un millier de salariés. Elle fait au mieux, nous n’en doutons pas ; il n’est pas étonnant qu’elle fasse quelques erreurs.

Le pire a pu être évité jusqu’à présent. Il y a certes des signes toujours aussi inquiétants, mais aussi d’autres franchement plus encourageants, avec un dialogue social réellement apaisé et des preuves de bonne volonté.

Mais ne nous berçons pas d’illusion : tout va continuer de se dérouler dans le carcan insensé décidé à la genèse du projet.

Pour Sud, seul le rapport de force va permettre d’obtenir de futures victoires.

Un dialogue social en progrès

Voici les garde-fous pour s’assurer que les salariés ne verront pas leurs conditions de travail trop dégradées :

  • La représentation du personnel, à travers son réseau de militants syndicaux de terrain et les commissions des CSEE chargés de la santé, de la sécurité et des conditions de travail (CSSCT), notamment celle qui vient d’être créée pour suivre le projet de macro- et de micro-zonage pendant les 3 prochains mois. Sud y compte un représentant.
  • Les professionnels de la santé et de la prévention, regroupés au sein d’un groupe de prévention pludisciplinaire (GPP) actif tout le long de la durée du projet.

Idéalement, syndicats et GPP doivent collaborer étroitement ensemble et avec la direction de projet immobilier. Malheureusement, les représentants du personnel doivent encore batailler ferme pour pouvoir obtenir les informations nécessaires à leur travail et à l’information des salariés. Par exemple, l’information à destination des représentants des entités présentes sur le site (« SPOC », facilitateurs) n’est pas communiquées plus largement. De même, la consultation actuelle du CSEE Innovation, qui va se terminer en février, est la dernière prévue. Les deux années suivantes se réaliseront sans implication des représentants des salariés.

Notre situation n’est pas isolée. On fait le même constat sur tous les projets immobiliers d’Orange, avec une direction de l’immobilier Groupe (DGI) dogmatique et au fonctionnement en vase clos, au point que les représentants du personnel et l’inspection du travail ont dû taper du poing sur la table. A Meylan et Belfort, les CSEE ont assigné la direction en justice pour défaut d’information des salariés et de leurs représentants.

Lien de cause à effet ? Toujours est-il que récemment on constate une détente et une amélioration dans les relations entre équipe projet et représentants syndicaux, avec entre autres :

  • Nouveau plan de circulation : syndicats mis à contribution pour proposer des idées d’améliorations.
  • Relations CSSCT-GPP : des réunions communes sont désormais planifiées.
  • ASC : installation temporaire de la médiathèque en LD à la satisfaction générale et début de solution sur la location de matériel bricolage.
  • Ateliers de micro-zonage : acceptation d’une participation de représentants de la CSSCT en observateurs et partage sans restriction des plans et rapports de réunion sur le sharepoint du projet
  • Pégase : accord pour étudier un parcours sonore comme à Marzin et en déduire une évolution du macro-zonage.
  • CSEE Innovation : Possible nouvelle consultation (encore à confirmer) en 2027 sur le micro-zonage définitif (rappel : la CSSCT actuelle ne dure que jusqu’en février 2026…).

En plus de la pression et de la menace judiciaire, une autre raison de ce petit mieux tient dans la nomination d’un représentant local de la direction d’Innovation avec un mi-temps dédié, qui met indéniablement de l’huile dans les rouages. Le fait qu’on a franchi le cap du premier jour du chantier peut aussi provoquer un certain soulagement de l’équipe projet, qui de ce fait devient plus encline à écouter ce qu’on lui dit. Enfin, la pétition des bénévoles de la location de bricolage, avec ses 300 signatures, a contribué à convaincre le projet immobilier de considérer les ASC avec un peu plus de sérieux.

Tout cela tranche nettement avec le refus net opposé à la moindre demande des syndicats jusqu’à il y a peu.

Sud, comme tous les syndicats, se réjouit de ce changement d’attitude, mais nous restons vigilants, conscients qu’il y a une différence entre une intention et sa réalisation.

Notre analyse sur le nouveau plan de circulation

C’est le premier impact concret du nouveau projet, et on s’en rend bien compte à vous écouter en réunion et en lisant vos messages inquiets sur Viva Engage. Le report de l’ensemble des entrées et sorties du site sur la seule porte à l’est est de nature à créer des complications, à propos desquelles nous avons alerté la direction en anticipation. État des lieux :

  • Sécurité des cyclistes : nous avons demandé et obtenu la neutralisation du sas auto le plus à droite.
  • Temps d’attente à l’entrée : ce sera difficile de faire mieux avec seulement 2 sas, mais nous avons demandé de rendre celui du milieu plus rapide.
  • Passages surélevés : prévus pour ralentir la circulation devant les bâtiments WA et WD, ils sont en cours de réglage avec l’aide de salariés experts pour les rendre moins dangereux, notamment pour les vélos.
  • Tunnel : en accord avec les syndicats, la direction a imposé une limitation à 20 km/h et a changé les plots entre les voies de circulation.
  • Entrée ouest : nous réclamons toujours que les piétons et cyclistes puissent emprunter cette entrée, les contraintes de sécurité alléguées nous semblent réduites..
  • Parcage insuffisant pour les vélos (notamment en LB) : nous avons suggéré plusieurs solutions à la direction, elle est en train de les examiner.
  • Signalisation au sol : plus d’un mois après la mise en place du nouveau plan, il est temps de finaliser la chose en matérialisant mieux les zones où les dépassements sont interdits ou la vitesse limitée, ainsi que les flèches signalant les sens uniques.

Pour l’heure, aucun accident notable, mais on constate des dépassements irresponsables devant le WD ou sous le tunnel !

Nous vous invitons à la prudence et au respect du code de la route.

Et les A.S.C. dans tout ça ?

Pour l’heure, tout ce qu’on sait, c’est que 90 m² sont prévus, a priori dans le bâtiment actuel de l’infirmerie, pour abriter la médiathèque, le bureau des trois salariées du CSEE Innovation et les locaux pour les activités du midi.

Là, on n’est plus à un taux de 0,65, on empêche tout simplement les activités de se dérouler ! Bien entendu, il n’est pas prévu de réinstaller la médiathèque à son emplacement précédent (même sur une portion de ce dernier).

Quant à la location de matériel de bricolage, nous craignons qu’elle soit tout bonnement exclue du projet, avec une vague promesse, pour l’heure sans suite, d’une étude de transfert au bâtiment LH ou LZI.

Ça vous inquiète ? Nous aussi !

Le macro-zonage à l’épreuve des faits : on est loin du compte !

Nous partageons les interrogations des équipes et des responsables au sujet de la hâte à figer des dispositions de mobilier et d’espaces de travail qui s’appliqueront uniquement dans deux ans. Nous avons demandé à la direction du projet de prévoir une grande marge de manœuvre en prévision du vrai « micro-zonage », qui aura lieu avec les équipes qui entreront dans les nouveaux espaces de travail quelques mois avant l’inauguration. Nous avons aussi demandé que les CSEE soient consultés, et pas seulement informés, à cette occasion.

En attendant, les exercices formels actuels ont une vertu évidente : elles permettent enfin à chacun de se projeter sur son futur environnement de travail. Et on commence à voir où ça risque de coincer !

L’application d’un taux nombre de bureaux / nombre de salariés à 0,65 (voire 0,6 pour SCE) va mettre certaines équipes, où le télétravail est quasiment absent, en grande difficulté. La réponse qui leur est faite consiste à les inviter à empiéter sur l’espace de l’équipe voisine. Mais si celle-ci est aussi dans la même situation ? Nous nous inquiétons des conséquences incontournables de cette situation : le repli sur les espaces techniques, avec des positions de travail inadaptées (bruit, inconfort), et le télétravail contraint, source d’isolement.

De plus, et on ne le répètera jamais assez, le passage direct d’un environnement de bureaux de 1 ou 2 personnes à un espace « dynamique », tel qu’il est imposé à Lannion, est une rupture autrement plus traumatisante que celle qui voit le flex desk imposé dans un open space. Vous nous faites régulièrement part d’un sentiment réel de « déclassement » par rapport à nos conditions actuelles. Sur notre site, où le télétravail est moins fréquent que sur les grandes métropoles, on peut même y voir une sorte de double peine.

Certains se rendent aussi compte que leurs laboratoires sont prévus sur des surfaces nettement insuffisantes (ou ont même été oubliés !), et parfois sans fenêtre. Il reste deux ans pour corriger ces défauts.

Enfin, la quantité des postes de travail bénéficiant de préconisations médicales ou permettant une adaptation temporaire (fauteuil, bureau assis-debout, isolation sonore, etc.) n’est pas clairement affichée et ne permet pas d’envisager où ces postes pourront trouver place ni s’ils sont compatibles avec le taux de 0,65.

Dans ces conditions floues, nous alertons à propos de la situation inconfortable des facilitateurs. Ils ne sont ni comptables ni responsables des décisions du projet vis-à-vis de leurs collègues, ils n’en sont que les porte-parole ainsi que ceux qui sont censés leur transmettre les messages officiels. Rien de plus. Si votre facilitateur vous dit que votre demande est déraisonnable et qu’il ne va pas la transmettre, il outrepasse son rôle. De même, si vous être déçu de ne pas avoir été entendu, ce n’est pas la faute de votre facilitateur, ce n’est pas lui qui décide !